Scientifique Afro américaine, elle a été la première femme noire à inscrire son nom dans
l'histoire de la NASA. Elle s'est ainsi battue contre le sexisme et le racisme jusqu'à sa mort
Katherine Johnson
Je marche à côté de la secrétaire. Elle est blanche, je suis noire. Elle me regarde à peine mais quand elle le fait
, ce n’est que du dégoût qu’il y a dans son regard. Elle m’ouvre cependant la porte, mais quand j'arrive dans la
salle où je vais travailler rien ne s'arrange, je suis une femme noire au milieu d’hommes blancs, une “nègre”…
Je ne me sens pas bien à cause des regards indiscrets que me jettent les hommes qui travaillent ici, mais je ne
devrais pas, j’ai toujours ignoré le racisme et le sexisme que l’on m’inflige et que d'autres femmes noires doivent
aussi subir.
Il y en a un qui arrive et me tend la poubelle, “Elle n’a pas été vidée hier soir”, personne n'aurait cru qu'une
“bamboula”, aurait le même travail que la “race supérieure de blanc”. Je suis en colère face à cette stupidité
de race. J'étais excitée de venir ici mais maintenant je regrette car je n'y ai pas ma place. Les hommes me
rejettent comme si eux seuls pouvaient avoir du talent…. Mais il n’y a aucune raison, j'ai ce talent :
les mathématiques.
Je lâche la poubelle et je souris ; je ne vais pas gâcher ce premier jour. “ Je ne suis pas la femme de ménage “.
Je m’assois pétrifiée par cette atmosphère. Je dois prouver que j’en suis capable. Je suis déterminée.
Je commence ma pile de travail.
Des semaines ont passé jusqu’au jour où je me suis enfin prouvée, il allait enfin m'accepter. J’ai trouvé la clé
pour l’espace. C’est à ce moment là que je vois les visages, si dégoûtés par ma présence, changer. J’ai enfin
gagné leur respect, ils ne me considèrent peut être plus pour une femme de ménage qui s'est trompée de travail.
Mais je suis toujours noire : il y a encore des inégalités. Alors je me redresse, pour les droits des femmes,
et des noir(e)s, je commence à parler tranquillement
“Je travaille comme vous parce que j'en ai les capacités, je suis égale à un homme blanc, vous le savez, mais
vous ne voulez pas l'accepter, j’ai obtenu mon diplôme à 14 ans, je suis sortie de l’Université de Virginie pour
noirs à 18 ans, je n’ai jamais pu accéder à de meilleures études à cause de vous tous, les blancs, et puis j’ai
travaillé en tant qu'ordinateur manuel de couleur, alors que je pouvais faire bien mieux.
Toutes les filles qui travaillent encore là bas, elles, ont droit à bien mieux. Nous sommes aussi intelligentes que
vous mais ca n'empeche pas que l'on fasse un travail d'o
rdinateur pour un salaire de misère. La ségrégation ne devrait pas exister dans le monde de la science,
ou partout ailleurs.” Je finis ce discours avec l’impression d'avoir fait passer un message, mais les autres
ne sont pas de cet avis. Ils me regardent d’un air outré, peut être, un jour me considèreront-ils comme un être égal ?
Epilogue:
Morte en février 2020, elle a marqué l’histoire en participant aux missions spatiales Apollo 11 et Apollo 13.
Sans elle, la conquête de l'espace n’aurait pas eu lieu. Mais son rôle n’a été reconnu qu'après plusieurs dizaines
d'années. En 2015, elle est récompensée avec la médaille présidentielle de la liberté, puis en 2019 la médaille
d’or du Congrès. Margot Lee Shetterly a été inspirée par Katherine Johnson et deux autres femmes qui ont
travaillé pour la NASA. Elle a alors écrit le livre “Hidden Figures” (“Figures de l’ombre”), qui a été plus tard
adapté en film. Katherine Johnson est une source d’inspiration pour toutes, car elle a tout fait pour se prouver.
Petit à petit elle a grimpé l'échelle. A sa mort le directeur de la NASA, Michelle et Barack Obama, lui ont rendu h
ommage, “Après toute une vie à chasser les étoiles, aujourd’hui, Katherine Johnson est partie les rejoindre.
Elle a passé des décennies dans l’ombre, cassant les barrières dans les coulisses. Mais à la fin de sa vie,
elle est devenue une héroïne pour des millions de gens... dont Michelle et moi”
